Blog de Yvan Tricart

la place de la question écologique

les régionales de 2010 ont confirmé la place de la question écologique dans le champ du paysage politique. contribution de Simon Charbonneau spécialiste du droit de l'environnement

A la suite des accords de Grenelle en 2007 et du résultat des élections européennes de 2009, les régionales de 2010 ont confirmé la place de la question écologique dans le champ du paysage politique. Depuis les années 70 qui ont vu cette question émerger au sein de la société civile à travers le mouvement associatif, celles qui ont suivi ont été marquées par l'inféodation des représentants de l'écologie politique au sein des partis de gauche en jouant un rôle minoritaire de supplétifs.

Aujourd'hui, malgré ses efforts d'indépendance revendiquant un statut de troisième force politique, Europe Écologie continue à se revendiquer à gauche ..../....Pourtant, de nombreux dossiers démontrent amplement qu'au niveau des valeurs, un énorme fossé sépare la gauche des positions écologistes, à l'exception de la question sociale plus que jamais pendante aujourd'hui et de celles des libertés. Ces dossiers (nucléaire, LGV, OGM, nanotechnologies etc.) sont révélateurs de l'attachement de la gauche à l'idéologie du progrès technique comme moteur du progrès social, alors même que ces deux questions sont déconnectées depuis fort longtemps. Bien au contraire, c'est l'emballement actuel du progrès technique qui est à l'origine de coûts économiques et sociaux croissants ainsi que de graves atteintes aux libertés publiques (traçabilité informatique du citoyen).

Malgré ce fossé, les représentants de l'écologie politique continuent à se situer à gauche, quoique l'expérience ait prouvé depuis longtemps que plus rien ne la distinguait de la droite au niveau des politiques effectivement suivies. Si l'on prend le cas exemplaire des accords de Grenelle, une initiative de la droite sarkoziste, on peut raisonnablement penser que la gauche n'aurait pas mieux fait et elle n'a d'ailleurs sur ce dossier manifesté aucune opposition, alors que ces accords ont fait l'objet de multiples critiques au sein même du mouvement écologiste. Qu'il y ait des valeurs communes entre la gauche et les écolos est une chose. Autre chose est le fait de s'identifier avec des partis politiques usés par l'exercice du pouvoir et n'incarnant plus depuis longtemps le combat social mené contre le capitalisme.

La vérité est que le surgissement de la question écologique à la fin du XXe siècle met en lumière le retard incroyable de la pensée politique au regard des questions multiples (et pas seulement écologiques) soulevées par ce que mon père appelait « la grande mue de l'humanité ». De ce point de vue, l'opposition entre la droite et la gauche apparaît complètement décalée aujourd'hui. Et il y a d'ailleurs une preuve à cela : à savoir la montée régulière de l'abstentionnisme électoral démontrée par les dernières élections qui confirment le fossé croissant séparant les représentants de l'oligarchie du reste de la population.

Il s'agit là d'une crise majeure de la démocratie dite représentative, illustrée chaque jour par les multiples manifestations d'opposition qui, dans le désordre, surgissent de la société civile sans relais politiques. Il manque à nos temps troublés, l'équivalent historique du rôle joué par le mouvement des Lumières au XVIIIe siècle qui est à l'origine de la Révolution de 1789.

Simon Charbonneau spécialiste du droit de l'environnement