Réchauffement climatique : un accord sans courage,

Réchauffement climatique : un accord sans courage,

Quelque 190 délégations du monde entier s'étaient retrouvées à Lima pour deux semaines de négociations sur les engagements de chaque pays dans la lutte contre le réchauffement climatique, afin d'ouvrir la voie à un accord multilatéral dans un an à Paris. Le constat est désormais largement partagé par la communauté internationale: il y a urgence à agir à une échelle beaucoup plus ambitieuse car les émissions de gaz à effet de serre ne cessent de croître (+2,2% par an). A ce rythme, la planète se dirige vers une hausse des températures d'environ 4°C d'ici la fin du siècle par rapport à l'ère pré-industrielle. "Jamais les risques du changement climatique n'ont été aussi évidents et les impacts aussi visibles",

souligne Christina Figueres, la secrétaire exécutive de la Convention sur le changement climatique des Nations unies,

Pour autant, La 20eConférence des parties (COP) des négociations de l'ONU sur les changements climatiques s'est achevée dans la nuit sur un accord sans courage, ni justice ni solidarité avec les communautés affectées par les impacts des changements climatiques. 

Frappés du contraste entre l'inaction des gouvernements et la richesse des solutions proposées lors des mobilisations citoyennes organisées en marge du sommet, les Amis de la Terre France appellent à la transformation radicale des systèmes énergétiques et alimentaire, affranchis de l'impact des multinationales.

Les négociations sur le climat qui se sont tenues à Lima du 1er au 13 décembre se sont caractérisées par une volonté des Etats développés à se soustraire au remboursement de leur dette historique en matière d'émissions de gaz à effet de serre. « Les pays développés ont poussé pour que l'ensemble des Etats s'engage dans des trajectoires de réduction de leurs émissions, tout en refusant d'adopter des mesures concrètes et ambitieuses en matière de financement pour les pays en développement, d'adaptation, de transfert de technologies. En faisant cela, ils refusent de payer leur dette historique. A Lima, les pays développés ont voulu taillader le principe la justice climatique. » dénonce Florent Compain, Président des Amis de la Terre France.

Outre le faible intérêt accordé à des propositions prometteuses comme la proposition africaine sur les énergies renouvelables, ces négociations sont également marquées par la promotion des mécanismes de marché, les projets de compensation carbone REDD ou la capture et le stockage de carbone (CCS). « Le monde politique, entrepreneurial et financier cherche à tirer profit du climat en nous vendant des fausses solutions qui, loin de résoudre la crise climatique, ont des conséquences dramatiques sur les droits et l'environnement des communautés où elles sont implantées ! » s'insurge Florent Compain. En effet, partout dans le monde, les populations subissent de façon croissante les impacts des changements climatiques et du système extractiviste et productiviste qui les génèrent.

Une prise de conscience rapide et la transformation radicale du système sont nécessaires pour être à la hauteur de l'urgence climatique. « Les solutions, nous les connaissons ! C'est en transformant rapidement les systèmes énergétiques et alimentaires, en refusant la financiarisation de la nature, en mettant fin aux énergies fossiles tout en refusant les fausses solutions comme le nucléaire et le CCS, en s'opposant au pouvoir des entreprises et en faisant en sorte que les pays s'engagent dans un accord ambitieux, juste et contraignant, et que les pays développés remboursent leur dette historique face aux pays en développement qui subissent de plein fouet les changements climatiques, que nous enrayerons la crise climatique. » affirme Jagoda Munic, Présidente des Amis de la Terre International.

Cette transformation globale et la prise en compte systémique des causes du changement climatique étaient, par contre, au coeur des discussions au sein du Sommet des Peuples qui se tenait au centre de la ville en parallèle des négociations. Avec la Marche pour la Défense de la Pachamama (Terre Mère) du 10 décembre, considérée comme une des plus grandes marches en Amérique latine sur le climat avec plus de 15 000 personnes, ces mobilisations ont révélé que sous l'enjeu climatique convergeaient de nombreuses luttes : contre l'extractivisme au Pérou et dans le monde, pour le respect des droits des communautés et des travailleurs, contre les projets énergétiques destructeurs, pour la promotion des alternatives locales, citoyennes et concrètes dans le secteur de l'énergie ou de l'alimentation, contre les projets REDD.

« L'enjeu du climat est systémique, et c'est pour cela qu'on retrouve les travailleurs, les indigènes, les femmes, les jeunes, les associations environnementales et de solidarité internationale et les mouvement sociaux dans ce même combat. Il est temps que les décideurs écoutent la voix des peuples et des communautés affectées. Et ce pouvoir, nous le gagnerons petit à petit, dans toutes ces luttes : le retrait de la Société générale du projet charbon Alpha Coal pendant la COP 20 après une forte pression populaire est une preuve que nous y parviendrons. » conclut Malika Peyraut, des Amis de la Terre.