LGV : pour l'économie locale c'est zéro

La Nouvelle République
 
 
Sauzé-Vaussais accueille deux plateformes logistiques pour la construction de la future ligne LGV. Mais le maire espérait davantage de retombées
« Pour l'économie locale, c'est pratiquement zéro, peste-t-il, plus déçu qu'en colère. Ils ont embauché quelques personnes pour travailler dans leurs bureaux. Des femmes de ménage, aussi Mais il n'y a pas dix habitants de chez nous qui travaillent pour eux. Ils sont arrivés avec tout leur personnel, voilà. »

Il y a quelques mois, le chantier pour la future « ligne à grande vitesse Sud-Ouest-Atlantique », la LGV-SEA, est venu poser cabanes et engins aux portes du bourg. La société Coséa a implanté sur la zone artisanale de la Plaine de Limage une cinquantaine de baraques de chantier, créant ex nihilo 735 m2 de bureaux pour accueillir environ soixante-dix personnes.

" Ces gens pensent que la déclaration d'utilité publique leur donne tous les droits "

Côté route de Civray, c'est le groupe Razel-Bec qui prenait ses quartiers, alignant derrière ses préfabriqués la flotte d'engins nécessaires à la réalisation du lot n° 8 : la création de vingt et un kilomètres de voie ferrée entre Chaunay et Villefagnan.

Pratiquement zéro

Entre ces deux plateformes, le maire de Sauzé-Vaussais se frottait les mains : soixante-dix personnes côté Coséa-Vinci, au moins cent cinquante côté Razel-Bec, voilà qui garantissait pour les deux ans à venir les retombées économiques promises par les porteurs du projet. Mais, aujourd'hui, il déchante.

« Pour l'économie locale, c'est pratiquement zéro, peste-t-il, plus déçu qu'en colère. Ils ont embauché quelques personnes pour travailler dans leurs bureaux. Des femmes de ménage, aussi Mais il n'y a pas dix habitants de chez nous qui travaillent pour eux. Ils sont arrivés avec tout leur personnel, voilà. »

Vingt-cinq caravanes

Et il n'a pas le sentiment que ces entreprises et leurs dizaines d'employés dépenseront leur argent chez ses administrés. « Déjà, ils viennent peu dans nos restaurants. Bon, c'est vrai, on n'est pas forcément très bien doté – on a une petite pizzeria, un kebab et Le Clovis – mais quand même… » Le maire soupçonne la concurrence de « la prime au panier » : « Je suis sûr que Super U s'en tire mieux. »
« Bon, si, se reprend-il, le garagiste a décroché l'entretien de leur flotte de Peugeot. Et ce qui a pas mal marché, c'est l'hébergement. Surtout le camping. On l'a rénové avant leur arrivée, parce qu'il était hors de question qu'ils s'installent n'importe où. On a vingt-cinq caravanes, nos deux mobil-homes sont loués. La difficulté, c'est qu'ils cherchaient beaucoup de studios ; nous, ici, on n'en a pas presque pas. Quelques familles se sont installées dans les T4, c'est tout. »

Passage en force

Mais ce qui scandalise vraiment le maire de Sauzé-Vaussais, c'est « le passage en force systématique » : « C'est simple, ils font ce qu'ils veulent, s'insurge Michel Eprinchard. Par exemple, ils sont censés ne circuler que sur l'emprise du chantier, pourtant certaines voies communales sont déjà complètement défoncées. Et comme l'état des lieux d'arrivée a été fait en juin, six mois après leur arrivée, vous verrez qu'ils repartiront en nous laissant tout comme ça ! Autre exemple : Coséa a installé ses bureaux sans déposer de permis de construire, je leur ai dit, ils m'ont répondu qu'ils ont la bénédiction de l'administration ! En attendant, la commune ne touche ni la taxe foncière ni la taxe locale d'aménagement… »

Lettre au préfet

« Depuis deux ans, on passe tout notre temps à régler ce genre de dossiers… Le TGV, on n'est pas contre, on prend le train nous aussi. Mais il faudrait que ça se fasse dans la concertation. » Michel Eprinchard a décidé de s'en remettre au préfet, pour obtenir « un peu plus d'écoute de la part de Coséa et Razel-Bec ».
Mais il ne se fait guère d'illusion. « Le problème, soupire-t-il, c'est que ces gens pensent que la déclaration d'utilité publique leur donne tous les droits ! »