la saga LGV Limoges-Poitiers d'après la cour des comptes

 

LGV Limoges Poitiers : le rapport de la Cour des Comptes sera rendu public jeudi 23 octobre. sur son site FR3 Limousin enfonce le clou.

 La Cour des Comptes y décortique et y critique dix années de gestation de la LGV Limoges Poitiers. Les principaux extraits du projet de ce rapport que nous avons pu consulter sont éloquents.

'' Poitiers-Limoges : un projet non prioritaire et non financé mais poursuivi avec vigueur''

:cette phrase résume à elle seule l’opinion que les juges de la rue Cambon se font du projet de LGV Limoges Poitiers.

Il y a quelques jours, le site d’informations Contexte publiait les premiers éléments du projet de rapport de la Cour des Comptes qui évalue le modèle français de la grande vitesse dans son ensemble. Le document très critique revient, entre autres, sur la LGV Limoges Poitiers.

Selon nos informations, plusieurs pages sont consacrées au projet qui concerne notre région. La Cour des Comptes, dont la mission fixée par la Constitution est d’évaluer les politiques publiques, analyse point par point les différentes étapes de la saga LGV Limoges-Poitiers durant ces dix dernières années. Et le constat n’est pas tendre.


Le rapport rappelle que l’histoire commence en mars 2004 quand, après qu’un projet de train pendulaire ait été abandonné en 2003, le premier ministre de l’époque, Jean-Pierre Raffarin, annonce la construction d’une LGV entre Limoges et Poitiers «mise en service en 2014».

«... une LGV d’intérêt purement local.»

Dix ans plus tard, toujours rien. Pour la Cour des Comptes «ce projet nouveau /... n’avait fait l’objet d’aucune réflexion préalable et ne s’appuyait pas sur une définition des besoins de mobilité des habitants des régions concernées».
A l’automne 2006, une concertation était organisée. La Cour des Comptes estime que RFF en a un peu enjolivé les conclusions et n’a pas «rendu compte de manière rigoureuse des positions et débats au sein de la commission de débat public».
Une Cour qui qualifie la ligne Poitiers-Limoges de «LGV d’intérêt purement local».
Elle critique, une seconde fois RFF pour sa tendance à l’optimisme en matière de trafic estimé et de rentabilité de la ligne.
En 2010 une étude qui élargit la zone géographique d’intérêt de la LGV pour obtenir 840 000 voyageurs potentiels «exagère significativement le niveau des trafics, notamment grâce à cet élargissement excessif de la zone de chalandise».
La Cour rappelle que même la SNCF «a exprimé de fortes réserves sur les résultats de l’étude de trafic» menée en 2013 « et considéré que les hypothèses d’augmentation tarifaires étaient sous-estimées de 40%».

«... des hypothèses d’augmentation tarifaires sous-estimées de 40%»

La Cour des Comptes estime que «la LGV ne pourra pas fonctionner sans une subvention qui pourrait aller jusqu’à 80%».

«Malgré tous les efforts déployés par RFF, les études ont montré qu’il est impossible d’assurer une rentabilité socio-économique même minimale à la LGV Poitiers-Limoges».

La Cour pointe également du doigt le calendrier politique et administratif du projet LGV où«les annonces politiques, à haut niveau, confortent solidement les projets avant même que soient menées à bien les phases préliminaires».

Alors que le décret de Déclaration d’Utilité Publique est désormais en préparation, la Cour estime qu’«il peut paraître surprenant de déclarer d’utilité publique dès 2015 un projet qu’il n’est pas prévu de réaliser avant 2030.»
La Cour rappelle que la coût de la LGV «est désormais compris entre 1,5 milliards d’euros et 2 milliards d’euros» «soit +19% par rapport à l’évaluation antérieure».
Et de conclure : «alors même que l’enquête publique est achevée, les modalités de financement de cette infrastructure ne sont ni déterminées, ni même envisagées. Le projet est donc prêt techniquement, mais entièrement non financé et son horizon de réalisation est reporté».