Communiqué de presse de la CRI du 29 octobre 2014

LGV Poitiers-Limoges et le rapport de la Cour des Comptes sur la grande vitesse ferroviaire.

Le Populaire du mardi 28 octobre ouvre avec complaisance ses colonnes pour que des élus et décideurs, englués dans ce projet rocambolesque, puissent essayer de se dédouaner.

 Pour Jean-Paul Denanot, nouveau député européen, la Cour des comptes n'a pas à juger du projet. Pour Marie-Françoise Pérol-Dumont, nouvelle sénatrice, les magistrats de la Cour des Comptes vivent dans le passé. Pour Alain Rodet, toujours député, affiche son mépris pour ces magistrats qu’il traite de vulgaires intellectuels.Quant à Jean-Pierre Limousin, toujours président de la CCI de Limoges, ce n'est qu'un rapport de plus sans importance...

De qui se moque-t-on ? Comment des élus (député européen, sénateur, député) ou représentant de chambre consulaire peuvent-ils bafouer la constitution française pour faire oublier leurs responsabilités dans le fiasco financier qui se dessine avec la LGV Poitiers-Limoges ?

La Cour des Comptes n'est pas une sous-commission 

sans importance : selon l'article 47-2 de la Constitution elle a pour mission de s'assurer du bon emploi de l'argent public et d'en informer les citoyens. C'est une juridiction indépendante, qui informe le Parlement et le Gouvernement.  Elle est dans son rôle quand elle alerte les citoyens et les élus du gouffre financier que va représenter la LGV Poitiers-Limoges alors que son opportunité pour l'aménagement du territoire n'est pas démontrée et qu’elle apparaît comme « une LGV d’intérêt purement local ».

La Cour des Comptes est bien dans son rôle quand elle explique que l'on a sous-estimé le coût de la construction, également surestimé les recettes possibles en élargissant au-delà du raisonnable la zone d'influence afin d'augmenter la fréquentation et quand elle annonce, qu'en cas de réalisation de la LGV Poitiers- Limoges, 80% du fonctionnement devra être à la charge des collectivités !

Elle reste encore dans son rôle quand elle écrit que « le financement pour sa réalisation n’est pas déterminé, ni même envisagé ».

Le Populaire dans un encadré annonce que les collectivités se sont engagées à verser 700 millions d'euros sur les 2 milliards prévus pour ce projet, d'où vient ce chiffre ? Aucune collectivité n'a pris une délibération annonçant une participation pour la réalisation des travaux. L'État, quant à lui, a refusé de s'engager sur un quelconque montant. L'Europe annonce que ses aides doivent être réservées en priorité aux lignes transfrontalières, seule une participation symbolique serait à attendre. Enfin,  G. Pépy pour la SNCF, et J. Rapoport, pour RFF rappellent que la priorité est de consacrer l'essentiel des ressources au réseau existant et non mettre de l'argent dans un nouveau projet LGV ! Ces propos ont été confirmés par le responsable régional de RFF à l'Assemblée Générale d'Urgence POLT le 10 octobre dernier à Uzerche. De qui se moque-t-on ? Sur les 2 milliards d'euros du projet, il n'y a pas 1 centime de confirmé ! Et ces élus de « Limoges » (car ils sont les seuls aujourd’hui à encore soutenir cette LGV) souhaitent vivement la DUP pour ce projet : c'est irresponsable, pendant dix ans ou plus, 2000 ha de terrains risquent d'être gelés pour rien !

Alors soyons raisonnables, le rapport de la Cour des Comptes est implacable : il décortique et critique dix années de gestation de la LGV Limoges Poitiers. Ce rapport démontre une nouvelle fois que nos élus de « Limoges » sont enclavés dans leurs têtes, se considèrent au-dessus des lois, et que les Limousins vont payer chers l’égocentrisme de ces élus.

Nous avons perdu assez de temps et d’argent. Il faut maintenant avancer. Concentrant tous nos efforts sur la ligne POLT afin de mettre Paris à 2h30 de Limoges dans les plus brefs délais.