Wattelez bientôt sécurisé

10/02/16 - 17H46 

Le site industriel Wattelez bientôt sécuriséLe château d’eau estampillé Wattelez signe à lui seul le délabrement d’un site abandonné depuis 25 ans. - Photo d’archives thomas Jouhannaud

Le château d’eau estampillé Wattelez signe à lui seul le délabrement d’un site abandonné depuis 25 ans. - Photo d’archives thomas Jouhannaud

À l’abandon depuis 25 ans, la friche Wattelez du Palais est en passe d’être détruite. Les travaux de mise en sécurité ont commencé à la fin de l’année dernière.

En allant au Palais, la friche est invisible. Depuis sa fermeture, il y a 25 ans, son nom, Wattelez, hante pourtant l'esprit des habitants de la commune, sorte de ville-fantôme dans la cité. On arrive à proximité, à pied, en longeant la Vienne. Un pont de fortune, quatre rondins de bois et une porte de frigo, puis un grillage, défoncé. Tous ceux qui, illégalement, ont pénétré sur le site, décrivent le même chaos post-apocalypse. De la boue, des détritus, des poutres de bois qui jonchent le sol. Des hangars délabrés, aux vitres soufflées, qui comme le dit l'administration, « menacent ruine ». 

Au loin, le nom de l'entreprise orne un château d'eau comme une marque de chewing-gum sur une colline hollywoodienne. « Ce terrain est très visité, explique la maire du Palais, Isabelle Briquet. On sait qu'il constitue un terrain de jeu pour du paintball ou pour les graffeurs. » De fait, on a du mal à imaginer que le site puisse servir à autre chose. « À part à une marche de zombies », plaisante Arthur, un habitué des lieux.

« Il a fallu du temps »

Les amateurs de jeux de guerre ou d'art « underground » vont pourtant devoir trouver un autre lieu pour assouvir leurs passions. Depuis la fin de l'année dernière, le calme relatif est troublé par le bruit des ouvriers, chargés de « la mise en sécurité du site ». Il s'agit pour l'instant de détruire les bâtiments, de combler les fosses, de fermer l'accès du site et d'éviter un nouvel incendie, après les très nombreux sinistres qui ont déjà concerné les lieux. 


« Une vraie percée pour 
« On est actuellement à 50 % des travaux, estime l'édile. Ça avance enfin. Mais il a quand même fallu du temps. » Ce très long délai est la conséquence d'un imbroglio juridique, au cours duquel Wattelez, propriétaire des lieux, mais pas dernier exploitant, a longtemps refusé d'assumer les travaux. A juste titre : selon la réglementation sur les ICPE ( Installations classées pour la protection de l'environnement, NDLR), c'est bien la dernière entreprise ayant 'uvré sur un site, qui est chargée de sa remise en état.

le droit de l'environement »

Mais Eureca, la société en question, ayant fait faillite, la situation de Watellez au Palais est devenu un cas d'école, à l'origine d'un arrêt du Conseil d'État, inclus depuis dans la loi ALUR. « C'est une vraie percée dans le droit de l'environnement, se réjouit la maire du Palais, dont la commune compte plusieurs friches industrielles. On a un lourd passé industriel, on se retrouve avec des friches : il faut apprendre à gérer. »

En plus de Wattelez, Le Palais doit faire avec Valdi, entreprise de recyclage de piles et de catalyseurs, dont l'activité s'est arrêtée fin 2015. En mars, c'est l'ancien site Solic-Total qui connaîtra une nouvelle vie, avec l'ouverture d'un supermarché, sur la route menant à Limoges. Mais malgré les avancées récentes, la friche Wattelez risque encore d'occuper les esprits de la municipalité. Après les travaux de mise en sécurité, il faudra également remettre le site en état. Fin 2014, le préfet s'est substitué au maire pour faire valoir l'arrêté municipal. « Il a mis en demeure Wattelez de procéder à l'enlèvement des déchets », explicite le maire.

Entre 6 et 9 M€

Les chiffres annoncent l'ampleur d'un chantier qui pourrait prendre plusieurs années. Sur place, « ce sont 60.000 tonnes, soit près de 80.000 m ³ de caoutchouc qui sont entreposés, décrit Isabelle Briquet. En soi, ce n'est pas très polluant, mais aujourd'hui, ils ne peuvent plus être valorisés. » Le coût du chantier, mise en sécurité et dépollution comprises, pourrait osciller entre 6 et 9 M€.

Le montant final dépendra notamment de la destination finale de l'emprise Wattelez. « Une réflexion se poursuit pour déterminer quel usage futur du site est possible et les moyens d'y parvenir », complètent les services de l'État. « Ce qu'on attend, conclut Isabelle Briquet, c'est que Wattelez fasse des propositions sur la gestion des déchets. » Mais le dialogue avec l'industriel, qui se considère comme une victime collatérale de la faillite d'Eureca, est difficile. Dans le cadre de notre enquête, un premier contact, très courtois, le 28 janvier, laissait entrevoir l'éventualité d'une interview. Mais les représentants de l'entreprise ont finalement choisi de ne pas s'exprimer.

Sébastien Dubois