Transports en commun gratuits : une réalité dans une trentaine de villes de France

Transports en commun gratuits : une réalité dans une trentaine de villes de France  Par France Bleu Besançon

La gratuité des transports en commun s'invite dans la campagne pour les élections municipales à Besançon. Cette mesure est déjà instaurée dans une trentaine de villes en France. Tour d'horizon avec les avantages, les inconvénients et les possibilités de financement.

 

Plusieurs candidats aux élections municipales à Besançon inscrivent la gratuité des transports en commun, totale ou partielle, dans leur programmes. L'occasion de regarder ce qui existe déjà ailleurs en France et l'impact d'une telle mesure, ainsi que les leviers pour la financer

.Une trentaine de villes concernées en France

La gratuité totale des transports en commun existe déjà dans une trentaine de villes en France. Une des pionnières est Compiègne, qui a instauré la mesure en 1975 et l'a maintenue depuis cette date. La première agglomération de plus de 100.000 habitants à appliquer cette gratuité est Aubagne en 2009, suivie de Niort en 2017. Le nouveau cap est franchi l'année dernière avec l'instauration à Dunkerque, qui compte plus de 200.000 habitants. C'est actuellement la plus grande agglo française à appliquer la gratuité, et elle compte autant d'habitants que Besançon.

La seule de ces villes à posséder un tramway est Aubagne, mais il a été construit après l'instauration de la gratuité et compte une seule ligne, courte, de moins de 3 kilomètres.

Quel impact sur la fréquentation... et la voiture?

Le premier effet de la gratuité est une forte hausse du nombre de voyageurs, provoquée par un choc psychologique : +100% à Châteauroux, +23% en deux ans à Niort, +85% en moins d'un an à Dunkerque, par exemple. Mais il est très difficile de savoir comment ces nouveaux voyageurs se déplaçaient avant la mise en place de cette mesure. 

A Dunkerque notamment, "la part modale de la voiture a réduit de 3%, celle de la marche de 3% et celle du vélo de 12%" selon Frédéric Héran, enseignant-chercheur à l'Université de Lille. Il regrette que "la gratuité pénalise surtout les modes actifs, c'est-à-dire la marche et le vélo" alors que l'objectif est de diminuer la présence de la voiture en ville.

Par ailleurs, à Dunkerque, la gratuité a été mise en oeuvre après une refonte totale du réseau de bus : plus dense, avec un meilleur maillage et des bus plus rapides et plus fréquents. Ce réseau souffrait d'une très faible fréquentation, ce qui n'est pas le cas de Besançon. Il est difficile pour l'instant de savoir si les nouveaux usagers prennent le bus parce qu'il est gratuit ou parce que le réseau est plus efficace.

Comment financer la gratuité ?

A Besançon, le coût annuel du fonctionnement du réseau Ginko s'élève à 64,4 millions d'Euros. Les recettes sont réparties ainsi :

  • Versement transport (taxe payée par les employeurs ) = 32 millions d'Euros
  • Impôts locaux = 14 millions d'Euros
  • Ventes de tickets et abonnements = 11,5 millions d'Euros
  • Subventions de la Région Bourgogne Franche-Comté = 3,8 millions d'Euros

En cas de gratuité pour les voyageurs, il faudrait donc financer 11,5 millions d'Euros, soit 18% du budget de fonctionnement. A titre de comparaison, cette perte sèche de recettes à Dunkerque s'élevait à 4,5 millions d'Euros, soit 10% du budget. Pour Bruno Cordier, consultant en transports et responsable du bureau d'étude Adetec, "Besançon a un réseau de bus et de tramway très développé pour une ville de cette taille donc si Besançon veut passer à la gratuité, ça lui coûtera forcément plus cher qu'à Dunkerque". Certaines études montrent que la mesure est viable si la part de la billetterie est inférieure à 20% du coût annuel de fonctionnement.

Deux possibilités existent pour financer cette gratuité :

  • Augmenter le versement transport. A Besançon, il est déjà passé de 1,05% à 1,8% pour financer le tramway.
  • Augmenter les impôts locaux

Un thème de campagne dans plusieurs villes françaises

La mise en place de la gratuité, totale ou partielle, est un thème de campagne dans plusieurs autres villes en France avant les élections municipales : Nantes, Metz, Clermont-Ferrand et même Paris, par exemple.