Les gangsters à l'honneur

Les gangsters de la finance à l'honneur

Il régnait hier comme un parfum de panique à Bruxelles et dans les grandes capit ales européennes. Les attaques spéculatives et les risques de contagion de la crise grecque font craindre le pire pour la monnaie unique européenne. Dans un climat lourd, les ministres des Finances de l’Union européenne (UE) se sont mis d’accord sur le lancement d’un fonds européen destiné à voler au secours des États membres

qui, comme la Grèce, risqueraient de ne plus parvenir à boucler leurs fins de mois. Il s’agissait coûte que coûte de pouvoir faire bonne figure «  avant l’ouverture des marchés financiers  » ce matin. Et empêcher qu’ils ne craquent à nouveau comme la semaine dernière (Paris a chuté de plus de 11 %).
Face à l’urgence, les réponses avancées – création d’une sorte de fonds monétaire européen pour voler au secours des pays en difficulté, mise en place d’un «  gouvernement économique  » ou encore financement direct des États auprès de la Banque centrale européenne (BCE) – étaient encore considérées, il y a peu de temps, comme autant de transgressions des dogmes fondateurs de l’euro. Dans cette sorte de sauve-qui-peut-l’euro, plus aucun tabou ne résiste donc.

 

Pour autant, il n’est toujours pas question à Bruxelles, Paris ou Berlin de se libérer de l’emprise des marchés financiers. Tout au contraire. Les prêts du fonds de sauvetage européen sont assortis de conditions drastiques. Le gouvernement économique européen est conçu comme un super-organe de coercition, destiné à faire accepter partout un durcissement sans précédent de la discipline budgétaire commune, fixée par le pacte de stabilité. Autrement dit : on veut à tout prix faire endosser la camisole d’austérité aux peuples pour les enjoindre de payer le prix de l’éclatement de la «  dernière des bulles  » gonflée par la crise financière. La saignée dans les dépenses publiques européennes comblerait sans doute momentanément les marchés mais ne manquerait pas de conduire tout droit à une rechute dans la récession.

Terrible contradiction.

En même temps que s’aiguise la crise un débat s’aiguise sur les moyens à mettre en œuvre pour se libérer de la tutelle des marchés financiers. La taxation de la spéculation financière proposée par ATTAC et la création d’une banque publique européenne qui accorderait des crédits à faible taux d’intérêt aux États pour l’emploi, les services publics, le développement, afin de développer un «  modèle social européen  » apparaissent de plus en plus à l'ordre du jour.